Interview de Roger
Interview de Roger

Roger Habsch

 

Compte-rendu de la rencontre avec Roger du jeudi 18 mars. Présents : Marc, Luc et Pierre.

 

Roger est apprenti maçon, plafonneur et carreleur. Il nourrit alors une passion pour la danse de salon et, en particulier, le rock qu’il pratique en compétition. Roger travaille beaucoup car il désire se lancer dans la vie professionnelle au plus vite. En cette année 97, Roger a 18 ans et demi.

 

A ce moment, il a un accident de roulage. Très vite, il comprend… « En sortant de la voiture, j’ai posé la question au médecin… ».

Il souffre d’une lésion en C6 et C7, il est tétraplégique. Il est alors alité pendant trois mois. Les pronostics sont assez réservés. Les médecins prédisent très peu de possibilité d’autonomie si ce n’est l’utilisation d’une chaise électrique.

 

Ces trois mois d’hospitalisation sont prolongés par un séjour au centre de revalidation d’Esneux. Depuis son passage à Esneux en 1997, Roger y retourne régulièrement pour motiver les patients, leur démontrer que c’est possible de récupérer de la mobilité et les aider à lutter contre la peur. « Je leur montre que les jambes c’est superficiel et que ce n’est pas indispensable pour pouvoir vivre comme une personne bipède ».

 

Parallèlement, Roger se rend régulièrement dans les écoles pour donner une autre vision de l’handicap, vision souvent opposée à celle d’une personne en chaise roulante figée devant la télévision… L’idée est aussi que les jeunes en parlent autour d’eux et que cela touche un public plus large.

Roger a un excellent souvenir de la journée vécue au Céfa avec les jeunes : « On a plus marqué ici les jeunes que dans les autres écoles. Si je ne pouvais avoir que des classes comme cela ce serait le pied. Ils sont spontanés et n’ont pas peur de poser des questions. C’était vraiment chouette ».

 

Roger soutient le projet mobilité. Il désire aider le centre de revalidation et permettre aux personnes qui lui succèdent de bénéficier d’un matériel de rééducation performant « pour faire de bonnes choses ». « Je n’ai pas eu cette chance d’avoir un habitacle pour pouvoir apprendre à me transférer dans un véhicule. J’ai dû me démerder avec les moyens du bord ». Et puis, il affectionne également l’idée de laisser une trace de son vivant et d’encourager les autres en leur montrant qu’il est possible d’être autonome même avec une lésion importante.

 

« Je ne voudrai rien changer à ma vie. Pour quoi remarcher ? Je ne veux pas changer de vie… Tout le monde a ses problèmes… J’ai la chance d’être toujours positif. Après mon accident, je me suis dit que j’avais de la chance d’être toujours en vie. Et ce, même si je me suis posé beaucoup de questions sur comment la vie allait être ? C’est le destin, c’est que cela devait arriver. Même alité, j’ai eu des bons moments. On voit la vie différemment, une simple broutie est un plaisir ».

 

Ce projet pour Roger, c’est aussi essayer d’apporter quelque chose aux jeunes. C’est une chance pour tous que de « bons petits gars boulotent sur la voiture et réalisent ce projet là à termes. Essayer qu’ils soient davantage conscients de la vie et de ce qu’elle peut leur apporter. Ils ont l’avenir devant eux et ils peuvent arriver à quelque chose de bien. Pour apprendre, il faut faire des erreurs mais être conscient de ses erreurs et de ce qu’elles peuvent engendrer ».

 

 

 

 

 

interview de Claude

Marc, Claude et Luc
Marc, Claude et Luc

 

Claude Léonard

 

Compte-rendu de la rencontre du 25 mars 2010 avec Claude. Présents : Marc et Pierre.

 

« J’étais menuisier-charpentier. En 1998, juste après l’école, j’ai commencé à travailler. Puis en 2000, j’ai débuté le motocross et acheté une maison.

 

Le 23 avril 2006, suite à un accident de motocross, je suis devenu tétraplégique (lésion au niveau C5). J’ai passé un an et demi au centre de revalidation d’Esneux. Là, il y avait une voiture à l’extérieur pour apprendre à monter dans un véhicule depuis sa chaise roulante et transférer la chaise dans la voiture par la suite. Pour ma part, j’ai eu la chance d’apprendre à me transférer par beau temps… C’est pour cette raison climatique que le projet me plait beaucoup car avec ce nouvel outil (qui sera localisé à l’intérieur) on peut apprendre à se transférer à n’importe qu’elle période de l’année et faire des essais matin, midi et soir si l’on veut.

 

Après ce long séjour en milieu hospitalier, je n’ai pas pu réintégrer ma maison parce qu’elle n’est pas adaptable à une personne à mobilité réduite. Heureusement, dans quelques semaines, je vais aménager dans un nouveau lieu de vie. Bientôt la tranquillité…

 

J’ai commencé à témoigner dans les écoles l’année dernière. Je me dis que cela peut faire changer certaines personnes. Comme par exemple ne plus prendre une place destinée à une personne handicapée ou encourager les jeunes à être davantage vigilants aux limitations de vitesse. Et puis, pour les trois quarts des personnes, lorsqu’ils voient une personne handicapée, ils pensent intérieurement : « c’est con pour lui, il est en chaise ». Mais, ils ne se rendent pas compte qu’il n’y a pas que cela. On n’a plus d’abdo, il faut se sonder, etc. Mais paradoxalement, ce n’est pas pour cela que nous ne pouvons pas partir en vacances, bricoler, ... La vision plus proche de la réalité est que bien que je suis une personne à mobilité réduite, je fais pas mal de trucs et, au final, j’arrive toujours à faire ce que je veux... 

 

Ce projet est vraiment intéressant pour les futurs arrivants au centre de revalidation d’Esneux. Ils vont avoir la chance, même en hiver, d’avoir la possibilité d’apprendre à se transférer. Ce sera également possible pour leurs familles d’acquérir des techniques permettant d’aider la personne à mobilité réduite à rentrer dans un véhicule.

 

Les jeunes qui travaillent à cette réalisation ont parfois des parcours de vie un peu compliqués. Il faut qu’ils sachent que grâce à leur travail, ils vont venir en aide à des tas de gens. On ne les remerciera peut-être jamais mais moi je voudrai les remercier et leur adresser un grand bravo. Ils vont faire quelque chose de visible et très utile pour un nombre de personnes qu’ils n’imaginent même pas.

 

Le retour vers la liberté : ma voiture c’est la liberté. Avant, il fallait toujours dépendre de quelqu’un. Mais qui dit voiture pour les personnes à mobilité réduite, dit transfert…